Les spécificités du marché du biogaz en France et en Europe

Considéré comme une alternative viable au gaz naturel issu d’énergies fossiles et encouragé par des politiques de transition énergétique, le marché du biogaz est en développement en Europe.

Le développement du marché du biogaz à l’échelle européenne.

Le cas de l’Allemagne

En 2018, les allemands se positionnaient comme les premiers producteurs de biométhane à l’échelle Européenne. Ils représentaient même la moitié du marché européen. Ce résultat est lié à la mise en place d’une politique volontariste, d’aides et de cultures dédiées ayant favorisé un développement rapide de la filière. Grâce à des soutiens publics et à une politique de rachat intéressante, l’Allemagne compte aujourd’hui 200 usines produisant du biométhane. Un autre élément décisif du succès de la filière a été la mise en place de cultures énergétiques. Les cultures énergétiques sont des cultures pour lesquelles l’ensemble des récoltes sont transformées en biogaz. Elles permettent de garantir un apport stable et régulier en biométhane.

Le cas du Royaume-Uni et de l’Italie

Le Royaume-Uni et l’Italie, respectivement 2ème et 3ème producteurs de biométhane européen, ont mis en place des modèles de production reprenant le modèle allemand. Les filières du biométhane y bénéficient d’un soutien des pouvoirs publics et de politiques de rachats avantageuses permettant un fort développement de la filière ces dernières années.
Ces trois pays représentent 80 % du biométhane produit en Europe. Actuellement 50 % biométhane européen est issu de l’utilisation de cultures énergétiques. Face à ce constat, on assiste à un changement des politiques encadrant la filière du biogaz, notamment allemandes et italiennes, ayant pour objectif une diminution de l’utilisation des cultures énergétiques au profit de déchets d’origine agricole.

L’avenir du biogaz en Europe

Si la filière du biométhane est loin d’être développée dans tous les pays européens notamment à cause des coûts de mise en place, elle est amenée à se développer. Elle offre une alternative sécuritaire et verte aux énergies fossiles et valorise l’économie circulaire, ce qui lui permet de trouver sa place dans les stratégies de transition énergétique. Actuellement, la filière du biométhane n’est développée que dans les pays ayant mis en place des plans nationaux, mais des réflexions sont en cours pour développer un cadre européen qui favoriserait le développement de la filière.

En quoi le modèle français diffère-t-il ?

Le modèle français se différencie du modèle allemand principalement sur un point : il n’utilise aucune culture énergétique pour produire du gaz vert. Le marché français a connu un développement plus tardif lié à ce choix politique de ne pas consacrer de biomasse pour alimenter ses filières de biogaz. En effet, en ne fonctionnant qu’à partir des déchets agricoles, dans un objectif de valorisation, la France a rendu sa filière plus complexe, car elle ne bénéficie pas d’apports stables et réguliers en biodéchets. Ainsi chaque usine produisant du biogaz est dépendante de la quantité de déchets dont elle pourra disposer. Avec la loi sur la transition énergétique de 2015, la France s’est fixée un objectif de 10 % de biogaz d’ici 2030. On estime qu’en 2030, la France aura un potentiel de production équivalent à ceux du Royaume-Uni et de l’Italie.