Le gaz vert : un élément clé de la transition énergétique
Le changement climatique, l’appauvrissement de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles sont tant d’éléments alarmants qui nous conduisent à repenser nos modes de production et de consommation. L’heure est désormais aux objectifs de développement durable et à la croissance verte. En ce sens, les autorités publiques et scientifiques travaillent à la mise en œuvre d’une transition énergétique et écologique visant notamment à la généralisation des énergies renouvelables dans notre consommation en gaz. Reposant aujourd’hui essentiellement sur l’importation de gaz naturel, notre système gazier pourrait prochainement passer au vert avec l’exploitation du biométhane.
L’épuisement inéluctable du gaz naturel
On a pu entendre ces dernières années certains professionnels de l’industrie pétrogazière vanter le gaz naturel comme étant une énergie d’avenir. Le raisonnement est le suivant : beaucoup moins polluant que le pétrole et le charbon, ce combustible permettrait de compenser les fluctuations du rendement des énergies éoliennes et photovoltaïques sur lesquelles la transition énergétique devrait reposer. Une idée séduisante, qui cependant perd de son intérêt lorsqu’on s’intéresse de plus près à la nature de ce gaz.
Tout comme le charbon et le pétrole, le gaz naturel est une énergie fossile qui est extraite de gisements souterrains. Composé principalement de méthane, il provient en fait de la décomposition naturelle et de la sédimentation des matières organiques qui s’est opérée à travers les époques au fond des mers et des océans. On devine alors que la reconstitution de ces réserves en gaz naturel prendra des centaines de millions d’années, ce qui pose de très gros problèmes au regard de la consommation mondiale en hausse constante et de notre forte dépendance à ces ressources.
Par définition, les énergies fossiles sont donc des énergies non-renouvelables car leur formation est extrêmement lente comparée à leur consommation. Un avenir reposant sur le gaz naturel se révèle finalement incertain, ou du moins particulièrement limité dans le temps. Qui plus est, bien qu’étant considéré comme la plus propre des énergies fossiles, ses effets sur l’environnement sont variables et une exploitation massive est susceptible de libérer une quantité non-négligeable de gaz à effet de serre (GES). A ce propos, les études scientifiques montrent depuis quelques années que face aux risques du réchauffement climatique, il importerait de laisser une part des sources d’énergies fossiles sous terre – environ un tiers du pétrole et la moitié du gaz naturel – afin de réduire ces émissions de GES.
Par ailleurs, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a publié un rapport en janvier 2018 ayant pour objectif de projeter la mise en place en France d’un système gazier indépendant basé à 100% sur du gaz renouvelable à l’horizon 2050. La loi de 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoyait en ce sens que 10% du gaz consommé dans le pays devrait être d’origine renouvelable d’ici 2030. En tout état de cause, l’impulsion des pouvoirs publics s’appuie sur l’anticipation de l’épuisement des ressources en gaz fossile, doublée d’un sérieux souci quant aux émissions de GES. Il est ainsi nécessaire de penser des alternatives énergétiques plus durables, parmi lesquelles le développement du gaz vert qui présente à bien des égards de nombreux avantages.
L’avenir très prometteur du gaz vert
Le gaz vert s’oppose au gaz naturel en ce qu’il constitue une énergie renouvelable donc beaucoup plus durable. Il appartient ainsi à la même catégorie que l’électricité produite par les éoliennes, les panneaux photovoltaïques ou les centrales hydrauliques. Aussi connu sous le nom de biogaz, il est produit par la méthanisation qui consiste en la fermentation de matières organiques dans un milieu privé d’oxygène. Une fois purifié afin d’égaler la qualité du gaz naturel, il prend enfin le nom de biométhane.
La méthanisation est un processus naturel de traitement des déchets que l’on peut observer dans les rizières, les marécages, les décharges ou l’estomac des vaches par exemple. Reproduite de manière systématique et industrielle par l’homme, elle induit le recyclage des déchets issus de divers secteurs : déchets et invendus agro-alimentaires, boues de stations d’épuration des eaux, papiers, bois et cartons, fumiers et résidus des cultures agricoles, déchets ménagers… Il s’agit donc de favoriser la récupération de ces matières organiques pour les faire fermenter dans une cuve fermée et chauffée semblable à un estomac, de manière à imiter le processus de digestion et in fine obtenir du biogaz.
Ce procédé technique conduit donc à une valorisation énergétique des déchets dont la multiplication et l’accumulation devenaient de plus en plus problématiques. La production du biométhane génère également un résidu appelé le digestat, qui s’avère être un excellent fertiliseur organique. Les fonds de cuve peuvent ainsi être utilisés comme engrais naturel pour les terres agricoles, se substituant alors aux engrais minéraux traditionnels d’origine fossile. D’un point de vue écologique, le développement de la filière biométhane présente finalement de nombreuses vertus : en plus de permettre le recyclage de nos déchets, la production et la combustion de ce gaz renouvelable dégagent une quantité de GES bien plus faible que celle libérée par le gaz naturel.
Beaucoup moins polluant que son analogue fossile, le gaz vert pourrait finalement constituer la clé de voûte de la transition énergétique. D’autant plus que le rapport publié par l’ADEME laisse entendre que la France devrait être autonome en gaz d’ici 2050. Or à l’heure actuelle, seulement 2% du gaz consommé dans le pays a une provenance française. Le développement de la méthanisation, couplé à la sophistication d’autres technologies productrices de biogaz telles que la pyrogazéification ou le power-to-gas, permettrait à terme de supprimer les importations et de consommer exclusivement du gaz renouvelable made in France favorisant une économie locale et plus durable.